Lorsqu'une procédure devant un conseil de prud'hommes oppose un salarié à son employeur et que celui-ci fait l'objet d'une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, il est nécessaire d'appeler dans cette procédure non seulement le mandataire judiciaire mais également l'UNEDIC délégation AGS-CGEA qui, en se substituant à l'employeur, garantit le salarié contre le risque de non paiement des sommes dues en exécution d'un contrat de travail ou à l'occasion de la rupture de ce contrat.
L'AGS devient donc partie à la procédure judiciaire et la décision
qui est rendue lui est déclarée opposable par la juridiction.
De ce fait, l'AGS est tenue, dans la limite de sa garantie, de
procéder au règlement de certaines des condamnations prononcées comme
par exemple celle qui consisterait à faire fixer par un conseil de
prud'hommes l'indemnité de licenciement due à un salarié.
Pour les journalistes professionnels licenciés pour faute grave ou
après au moins 15 ans d'ancienneté, seule la commission arbitrale des
journalistes est compétente pour déterminer le montant des indemnités de
licenciement (cf. cette autre publication sur ce point).
Par une décision du 12 juillet 2011, cette commission arbitrale des
journalistes a été amenée à fixer le montant de l'indemnité d'une
journaliste ayant plus de 15 ans d'ancienneté dont l'employeur avait été
placé en liquidation judiciaire.
La commission arbitrale a donc fixé cette somme et, comme l'aurait
fait une juridiction du travail, a déclaré sa décision opposable à
l'AGS.
L'AGS a formé un recours en annulation contre cette décision.
Elle soutenait que la commission arbitrale a une compétence stricte
qui ne lui permettait pas de lui rendre opposable ses décisions.
La cour d'appel de Paris, dans un arrêt du 6 novembre 2012, a fait droit à cette demande d'annulation.
Elle estime que "si
la compétence de la commission arbitrale est d'ordre public, elle ne
concerne que la détermination du montant de l'indemnité et non la
vérification des conditions de sa prise en charge par l'AGS".
La commission arbitrale a donc, selon la cour, méconnu l'étendue de
la mission telle qu'elle lui est impartie par la loi et, de ce seul
fait, a annulé la décision rendue par cette commission mais seulement en
ce qu'elle a été déclarée opposable à l'AGS.
Il faut en déduire que les juridictions du travail restent seules
compétentes, dans un tel cas, pour rendre opposable à l'AGS le montant
de l'indemnité de licenciement dû à un journaliste même lorsqu'il a plus
de 15 ans d'ancienneté et que ce montant a été arrêté, non pas par ces
juridictions du travail mais par la commission arbitrale des
journalistes.
En pratique, cette solution complique inutilement la procédure.
En effet, le journaliste doit parfois, avant de faire fixer le
montant de son indemnité de licenciement, saisir le conseil de
prud'hommes afin que soient déterminés le montant de sa rémunération et
son ancienneté voire même qu'il soit confirmé qu'il a bien le statut de
journaliste professionnel.
Ce n'est qu'ensuite qu'il pourra efficacement se tourner vers la
commission arbitrale pour qu'elle puisse, au vu de la décision rendue
par la juridiction du travail, fixer le montant de l'indemnité de
licenciement.
En cas de refus de prise en charge de tout ou partie de cette
indemnité par l'AGS, le journaliste devra retourner devant le conseil de
prud'hommes, seul compétent selon l'arrêt de la cour d'appel de Paris
du 6 novembre 2012, pour qu'il rende opposable à l'AGS la décision
rendue par la commission arbitrale.
Entre temps, plusieurs mois voire années se seront écoulés depuis le licenciement.
Vianney FÉRAUD
Avocat au barreau de Paris
Vianney FÉRAUD
Avocat au barreau de Paris
Bonjour,
RépondreSupprimerConcernant l'AGS, pouvez-vous me confirmer ou non que l'indemnité de licenciement fixée par la commission arbitrale, n'est toujours pas opposable à I'AGS et qu'il est toujours nécessaire de passer par les Prud'hommes ?
En effet, selon la position arrêtée par la commission arbitrale et I'AGS le 10 octobre 2014, il a été convenu entre la commission arbitrale et I'AGS que l'indemnité de licenciement fixée, sans être déclarée opposable à I'AGS, doit être portée par le mandataire judiciaire sur un relevé des créances, afin de la rendre opposable à I'AGS.
L'AGS versera alors au mandataire judiciaire les sommes figurant sur le relevé, conformément aux montants fixés par la commission, et restées impayées, selon les modalités résultant des dispositions de l'article L.3253-21 du code du travail, dans la limite du plafond de garantie fixé par la législation en vigueur, et ce dernier reversera immédiatement les sommes reçues aux salariés concernés.